Cette Coupe du Monde 2022 devrait être la plus architecturale de l’Histoire, avec ses stades hors du commun bâtis pour l’occasion, et même pour certains démontables.
C’est un tour de force qu’aura réalisé le plus petit pays à jamais avoir organisé une coupe du monde de football de l’histoire. En soi, et comme nombre d’autres pays organisateurs avant lui, il ne s’agissait en rien d’une terre d’amateurs de ballon rond. A cela s’ajoutaient des contraintes climatiques fortes, et des règles environnementales à respecter qui l’étaient tout autant. Mais ce pays de 3 millions d’habitants, dont seulement 300 000 Qatari, de la taille de la région francilienne, a fait sortir du sol sept stades et en a rénové juste pour ce Mondial.
Al Bayt Stadium Al Thumama Stadium Stadium 974
Autant d’exercices de haut voltige en termes de design et d’architecture, au budget tout simplement faramineux : près de 200 milliards d’euros investis pour accomplir l’impossible, et être vu du monde entier.
Des stades respectueux de l’environnement
La neutralité carbone ne sera pas au rendez-vous pour un tel événement, malgré les promesses faites il y a 12 ans de cela. Mais le résultat est tout de même impressionnant, avec des stades à couper le souffle, et étonnamment éco-respectueux, comme l’imposait d’ailleurs le cahier des charges originel de la FIFA. Ainsi, le Al Bayt Stadium de 60 000 places s’inspire des tentes traditionnelles. Avec 70% de son éclairage extérieur fonctionnant à l’énergie solaire, qui ne manque pas aux Qatar, il passera à une capacité d’accueil de 32 000 places au lendemain du Mondial. A 15 km de Doha, le plus grand des stades, le Lusail Stadium, d’une capacité de 80 000 places, accueillera la finale ainsi que neuf autres matches. Il sera en majorité transformé en espace communautaire, entre écoles, boutiques, équipements sportifs et médicaux. La plupart de ses 80 000 sièges seront démontés et offerts à des projets sportifs.
La rénovation du Al Rayyan Stadium aura quant à elle permis de recycler ou réutiliser pas moins de 90% du bâtiment antérieur : un exploit technique. Quant au superbe Al Thumama Stadium circulaire, son design s’inspire de la gahfiya traditionnelle. D’une capacité de 40 000 places, puis 20 000 après la compétition, il aura vu la végétation alentours préservée ou replantée. Mais le plus étonnant d’un point de vue architectural et technique est sans doute le Ras Abu Aboud Stadium. Ce stade de 40000 places surnommé Stadium 974 est composé de 974 conteneurs maritimes. Il sera quant à lui démonté et offert au lendemain de Qatar 2022. Une véritable première, comparé aux nombreux stades du passé littéralement abandonnés au lendemain de la compétition ! Difficile de trouver plus innovant d’un point de vue architectural, et plus éco-respectueux…
La Coupe du monde la plus émissive ?
Education City Stadium
Au fond, cette compétition est celle de tous les paradoxes. On y climatise des stades en plein désert. Et en même temps, on imagine pour l’occasion des systèmes de climatisation 50% moins gourmands en énergie et en émission de gaz à effet de serre, utilisant de l’eau recyclée et non des réfrigérants. « Comme dans un match, il y a des moments importants. Mais c’est à la fin du match que le résultat compte le plus », commente Orjan Lundberg, experte Durabilité & Environnement.
Certes, parler de neutralité carbone pour un événement de cette envergure tient plus de la théorie que de la réalité. Ne serait-ce qu’en prenant en compte les nombreux vols des 1,5 million de spectateurs attendus, pour se rendre au Qatar comme pour aller et venir des capitales voisines au gré des matches. Pour le cabinet d’évaluation Greenly, la Coupe du monde 2022 ne devrait pas émettre 3,6 millions de tonnes de CP2, mais être « la plus émissive de tous les temps », à environ 6 millions de tonnes. Cela ne veut pas dire que des efforts n’aient pas été faits pour réduire autant que faire se pouvait l’empreinte carbone de ce mondial. »
« La FIFA est tout-à-fait consciente de la gravité de la crise climatique et de la complexité d’une bonne gestion de son action climatique et de ses efforts de communication, a déclaré l’un de ses porte-parole. Elle n’a pas l’intention de détourner son attention de l’objectif à moyen terme d’atteindre zéro émission nette.»